Review from Horns Up
Posted by Nick Skog on Tuesday, August 18, 2020 Under: French
From: Horns Up
Published: August 14, 2020
Je regretterai toujours un peu le split de Waning, groupe suédois qui avait su à la fois moderniser une base Black-Metal progressif et l’arborer d’un apparat plus froid et mécanique qui fonctionnait à merveille. L’excellent The Human Condition (2012), son second album, restera son testament et son manifeste, même si le groupe aura ensuite sorti 2 EPs avec un line-up amputé de son premier chanteur, avant d’arrêter les frais en 2015. Mais dans la foulée, Ov Shadows fut créé, avec le line-up subsistant de Waning dont, rappelons-le, le guitariste AA qui est par ailleurs maître à penser du singulier Obitus, restant sur la performance qu’était Slaves Of The Vast Machine (2017) et son unique morceau de 45 minutes. Chez Obitus, on retrouve logiquement un peu de ce qui faisait le charme de Waning, mais Ov Shadows a su aussi garder quelques bases pour proposer une variation, se rapprochant d’un Black-Metal plus traditionnel. Mais toujours aussi froid et relativement mécanique, avec de toute façon quelques éléments reconnaissables comme certaines sonorités de batterie, de guitare et la production générale. Ov Shadows s’est donc rapidement posé comme la version plus purement Black-Metal de Waning. Et ce dès son premier, et excellent album, The Darkness Between Stars (2018). Un premier effort très homogène où l’on appréciait le goût des Suédois pour un Black-Metal très dur, peu rapide dans l’absolu mais délicieusement glacial, sans pour autant sonner comme une énième formation trve et archi underground. C’est donc là qu’est la force de Ov Shadows, proposer un Black-Metal très traditionnel en apparence (trémolos, blasts, chant assez écorché…) mais bénéficiant d’une certaine modernité dans l’enrobage sonore. Le parfait héritage de Waning, appliqué à un Black-Metal plus cru mais qui a gardé ses singularités et une partie de son atmosphère. Passé chez Hypnotic Dirge Records, label où crèche Obitus justement, Ov Shadows est déjà de retour pour son second opus, I Djävulens Avbild.
Nom d’album en suédois, et les noms de morceaux suivent le même chemin. C’est le premier changement à mettre au crédit de Ov Shadows pour son second album, les paroles sont désormais intégralement interprétées en suédois, succédant au traditionnel anglais de The Darkness Between Stars. Pour autant, ce sera le seul changement notable à noter sur I Djävulens Avbild, qui pour le reste se place dans une lignée musicale strictement identique à celle de The Darkness Between Stars. Cependant, le chant en suédois va un peu faire varier les vocaux par rapport à ce précédent méfait, le chant de RA étant encore plus aigu et écorché, sans pour autant atteindre les extrêmes de certaines formations DSBM par ailleurs présentes en Suède et chez Hypnotic Dirge Records… Ov Shadows parvient malgré tout à garder sa personnalité et compte bien rester là-dessus. On retrouve donc le côté dur de la batterie de JW ainsi que certains riffs plus rocailleux, de même que les mélodies décharnées et toujours légèrement apocalyptiques. Et ce tempo relativement soutenu ajoutant beaucoup à la noirceur de l’ensemble, malgré tout généreusement relevé par quelques blasts et accès de trémolos salvateurs. Il ne faut donc rien attendre de plus que 7 nouvelles compositions de Ov Shadows, pour un album un chouilla plus court (43 minutes contre 46 pour son prédécesseur). Et l’homogénéité est de nouveau de mise, pour un album qui comme The Darkness Between Stars s’apprécie dans l’ensemble et surtout plongé dans l’ambiance, plutôt que de partir à la recherche du tube qui figurera dans vos favoris et votre playlist Spotify. I Djävulens Avbild choisit pourtant de nous prendre par surprise pour commencer, balançant directement des blasts, des trémolos acérés et un chant bien déchirant, pour un départ tonitruant sur "Den Eld Som Tär och Förvivder". Mais l’ambiance toujours aussi sombre et froide se met en place par le biais d’arpèges inquiétants ou de riffs plus lourds. "Blasfemiskt Crescendo" poursuit l’effort de la même manière, prouvant que Ov Shadows sait là où il veut aller. Et l’on se délecte aussi de ce quelques petits moments qui nous ramènent au style de feu-Waning, encore et toujours…
Bien qu’aussi homogène que le premier opus, I Djävulens Avbild va tout de même s’offrir une montée crescendo, dévoilant toute la richesse du groupe sur les bases simples posées par les deux premiers morceaux. "Under Dodens Vingar" offre une palette plus mélodique, mais monte d’un cran dans le côté désenchanté grâce à des trémolos prenants et un chant vraiment possédé. "Anakoretens Gap" remet un peu d’efficacité et surtout d’intensité dans la bataille, en proposant en sus des riffs plus appuyés très inspirés, toujours avec cet héritage latent de Waning et même d’Obitus. Cela nous amène au firmament de I Djävulens Avbild qu’est son morceau-titre, à l’ambiance formidablement froide et noire amenée par de subtils arpèges et patterns de batterie, en plus de riffs bien durs. Une excellente composition, particulièrement envoûtante, qui nous permet de valider définitivement les dispositions de Ov Shadows et son Black-Metal mi-moderne mi-traditionnel. Dommage que le groupe suédois redescende un peu de son piédestal avec une fin d’album plus classique malgré quelques compos toujours croustillantes, entre le plus intense et blastant mais toujours pesant "Spotsk", et le final bien désenchanté mais toujours émaillé de riffs à la Waning qu’est "Av Kunskap Krönt Till Gud". Bien que son art s’apprécie toujours dans sa globalité, plongé dans le noir, ce second album de Ov Shadows possède tout de même de réels moments forts et du coup, de petites longueurs ou de compos moins intéressantes, le meilleur se situant clairement en milieu de course. L’effet de surprise n’étant plus, The Darkness Between Stars reste encore au-dessus. On passera aussi sur une pochette assez cliché qui perd aussi le mysticisme de celle qui l’a précédée, mais Ov Shadows continue à tracer sa route avec une certaine classe et un réel raffinement, parmi des formations de Black-Metal qui osent peut-être trop ou se complaisent dans une tradition trop abrupte. Parfaitement équilibré, Ov Shadows peut donc convaincre tout le monde, avec un style finalement assez particulier qui est une nouvelle fois bien exécuté et porteur de moments de grâce. Que vous ayez saigné Waning en son temps ou non, penchez-vous sur ce talentueux groupe suédois qui a rapidement façonné un style moins classique qu’il n’y paraît, assez personnel et sur des bases inhabituelles. Et avec leur froideur, The Darkness Between Stars et I Djävulens Avbild sont la climatisation qu’il vous faut pour sortir de la canicule, à défaut d’une cruelle déception sportive…
Rating: 7.5/10
In : French
Tags: "ov shadows" "i djavulens avbild" "ov shadows album" "ov shadows band" "waning band" "obitus band" "swedish black metal"