Review from Metallifer Blog
Posted by Nick Skog on Friday, March 27, 2015 Under: French
From: Metallifer Blog
Published: March 25, 2015
Norilsk est un groupe de doom metal composé de Nicolas Miquelon (bass, guitars, vocals, lyrics) et de Nick Richer (drums, percussions, backing vocals) originaire de la ville de Gatineau qui se trouve dans la province de Québec au Canada. Etant donné que le Québec est francophone, Norilsk a fait le choix de proposer ses textes pour la plupart en français. Ceci n’est pas une première car il y a une scène canadienne de black metal qui chante en français, comme par exemple Forteresse ou Sombres Forêts.
Norilsk a tiré son nom de la ville homonyme qui se trouve dans le nord de la Sibérie. Norilsk est connue aussi comme La ville inhumaine. Voici en bref :
« Norilsk est une ville industrielle de Russie située au nord du cerclepolaire arctique. Construite en 1935 par des condamnés aux travaux forcés durégime stalinien pour exploiter les mines de la région, elle est aujourd’huiclassée parmi les plus polluées au monde ».
L’album s’ouvre avec le titre Japetus qui se compose de simples accords, répétés à outrance, dans un tempo lent (doom), répétitif quasi une marche militaire et implacable. Les textes font penser à l’avancée sans pitié de Japetus qui sur son chemin soulève des vagues géantes, crève les cieux et tout ce qu’il y de vivant sur terre. Le groupe cite dans les textes la Genèse 7,21-23 avec la destruction des êtres vivants lors du déluge. Le texte est assez ambigu et puissant et Japetus peut être plusieurs choses : 1. Un être, une créature surpuissante et destructrice. 2. Selon son nom Japetus est un titan tiré de la mythologie grecque. Avec ses frères Crios, Céos et Hypérion est l’un des quatre piliers du monde. Emprisonné par Zeus dans le Tartare suite à la titanomachie (lutte entre titans et dieux de l’Olympe) on peut imaginer que dans la chanson de Norilsk il se soit échappé et laisse ainsi éclater sa colère. 3. On peut supposer aussi que Japeus soit la lune, le satellite de la planète Saturne, et qui rentre en collision avec la terre en provoquant un cataclysme. Si cette idée est bonne on peut alors la mettre en relation avec le titre Planète Heurt qui raconte l’abandon, la solitude dans la neige et le froid d’un grand corps mort. Encore une fois on peut interpréter, peut être que ce corps et celui d’une créature ou celui de Japetus après le choc. Musicalement Japetus et Planète Heurt sont liées par la même atmosphère, des accords semblables et un rythme toujours doom et sombre à la limite d’un son sludge.
Throa continue sur le même sillon mais après plusieurs écoutes on aperçoit un superbe travail de batterie. Certes le tempo est lent mais n’empêche que les nombreuses touches et accents des fûts mettent vraiment en valeur le travail accomplie à la batterie.
A partir du titre La Liberté Aux Ailes Brisées, l’album qui est très bon, trouve un tout nouveau souffle. La liberté Aux Ailes Brisées est un titre rapide, mieux, plus rapide que les autres, avec des lignes mélodique et des harmonies très marquées et appuyées. Ce titre rentre rapidement en tête et s’avère vraiment ravageur. Mais que l’on ne se trompe pas. Norilsk reste le même dans le sentiment de noirceur, il suffit d’écouter les paroles de ce titre qui relate l’histoire d’un conflit religieux.
Nature Morte est un titre plutôt atmosphérique qui replonge l’auditeur dans la noirceur avec un chant ou mieux une voix claire qui se limite à chouchouter son texte relatant l’état d’un cadavre abandonné sur un tertre funéraire. Ce titre est l’occasion d’une réflexion amère sur la vie et la mort, d’où le titre « nature morte ».
Potsdam Glo est encore un bon titre, chanté en anglais cette fois, qui reprends les thèmes abordés jusqu’ici, c'est-à-dire le sommeil (mort ?), la neige, les géants, la noirceur causé par un manque de lumière. Le texte est poétique et encore une fois se prête à plusieurs interprétations. De même le titre Potsdam Glo. Nous l’interprétons par « Potsdam grisâtre » en faisant dériver l’adjectif allemand Glo de son équivalent l’adjectif Grau. Pourquoi Potsdam ? Peut-être grâce à son histoire très chargée (ville des lumières sous Frédéric II de Prusse, occupée ensuite par Napoléon, capitale de l’Allemagne jusqu’en 1918, bombardée par les Britanniques pendant la deuxième guerre mondiale, sous le régime communiste (RDA) la ville marquait la frontière de la partie occidentale de Berlin). En effet on imagine bien grâce à l’atmosphère sombre du titre une sorte de ville fantôme, baignant dans la brume, où le gris domine le tout en effaçant habitations, usines, musées, horizon.
La Grande Noirceur est un titre instrumental qui fait de prélude à la title-track The Idea Of North. Ce titre est sur la lignée de La Liberté Aux Ailes Brisées c'est-à-dire un poil plus rapide mais surtout avec son coté entrainant très prononcé. Les harmonies à la guitare ont une tournure plutôt mélancolique et grandiloquente, un peu à la Primordial. Ce titre est différent par rapport aux autres. Ici le texte est plutôt une déclaration d’aphorismes sur la faiblesse de la condition humaine. Il n’y a aucun espoir possible et le texte est très proche de la poésie, il suffit de lire ceci : « Un pont entre nous / Un abîme pour tous ». Voici alors que The Idea Of North n’est pas à notre avis un titre de viking ou de mythologie nordique comme on pourrait s’imaginer, plutôt le Nord ici est vu comme verticalité, comme transcendance, comme quelque chose qui reste une idée, un idéal, une condition que l’homme ne peut pas atteindre. Une certaine vivacité est donnée par un riffing qui alterne parties en « open chords » à d’autres ou le riffing se fait plus serré. Il y a des ralentissements aussi peut être pour indiquer l’envie de s’élever vers le haut et la chute inexorable qui en découle.
Si jusqu’ici je pensais de proposer comme note un 9/10 je crois que je vais monter d’un cran ma notation puisque à l’écoute de Cœur de loup tout s’emballe. En effet on peut considérer ce titre comme un bonus. Il s’agit de la cover, de la reprise, de la chanson Cœur De Loup du chanteur belge Philippe Lafontaine. Si l’original sorti en 1989 est une simple chanson pop, définie comme une chanson d’amour par l’artiste, Norsilsk reprend le texte à sa façon metal et surtout s’approprie de la musique en la réinventant complétement. Et c’est un succès.
Voici donc que Norilsk signe avec son premier album The Idea Of North un début très intéressant qui confirme la bonne impression suscitée à la sortie de son premier Ep Japetus paru en 2014 sous forme d’autoproduction. Il faut plusieurs écoutes pour s’approprier cet album qui reste homogène du début à la fin avec un songwriting et une bonne originalité qui restent constants. Norilsk sait réinventer le doom en le rendant moderne, sombre et envoutant.
Rating: 9.5/10
Reviewed by: C. Basso
In : French
Tags: norilsk the idea of north doom metal death-doom metal sludge doom metal gatineau canada canadian doom japetus